Bienvenue au journal du vendredi. A partir d’aujourd’hui,
vous aurez droit chaque semaine aux nouvelles du bord, de l’œil de Yanis plus
communément appelé « Mister Chill », mis à l’écrit par moi.
Cette rubrique est pour vous faire sourire au bureau, ou en
cours avant le week end. Pour que vous vous disiez que votre vie n’est pas si
terrible. Qu’on a beau faire un tour du monde, Yanis la prendrait bien votre
place au bureau de temps en temps, même si c’est juste parce que vous avez un
siège en cuir pour y faire une sieste, ou des toilettes sur lesquelles on peut
s’asseoir en jouant au tarot sur son téléphone et tirer la chasse parce que
vous avez l’eau courante.
Ne vous méprenez pas, faire le tour du monde, vivre dans des
villages et apprendre comment les gens s’organisent, Yanis adore ça. Etudier
tous les systèmes ingénieux que les villageois ont développés pour avoir accès
aux besoins primaires, c’est même son projet.
C’est son œil très critique et ses commentaires sur des
conforts que nous pensions très basiques et qui sont en fait parfois
inexistants chez certains qui nous font mourir de rire et que nous trouvons
tristes de ne pas partager.
Introduction faite, voici le premier article.
Nouvelles de Bigodi
On arrive au village de Bigodi après 5h de voiture. A huit
dans le van, sans pause déjeuner, on débarque à l’hôtel dans lequel on passera
notre séjour avec une bonne faim, et l’envie de se doucher. Première mission de
Yanis : s’assurer un confort au moins acceptable. Pour cela, quatre points
doivent être validés : dans la chambre, lit douillet et électricité, en dehors, toilettes convenables,
douches et nourriture riche.
Lit douillet et électricité : Check. Ce n’est pas le
top, mais on est dans un village en Ouganda et il n’a pas un matelas à ressorts
ni en carton bien que ses pieds dépassent légèrement du bout, un drap plutôt
doux, une moustiquaire, et il n’a pas manqué de choisir celui qui avait une
prise électrique derrière. Il juge s’en être bien sorti.
Toilettes : Je préfère que vous lisiez la description
et que vous essayiez de trouver par vous-même s’il a validé ou pas. Les
toilettes du Safari hôtel de Bigodi, c’est une cabane au fond de la cour, sans
lumière, avec rien d’autre qu’un trou profond dans le sol. Pas de chasse d’eau,
du papier hygiénique une fois sur quatre, une odeur effroyable et pour
couronner le tout, des manians, fourmis énormes avec des mandibules
monstrueuses qui vous déchirent la peau des pieds dans votre plus grand moment
de faiblesse car impossible de bouger. La seule chose pire que tout serait de
manquer le trou. Autant vous dire que Yanis n’y a plus jamais remis les pieds.
Douches : Qui eût cru qu’après l’épisode des toilettes,
Yanis puisse vivre une pire expérience ? Moi je le savais parce que j’y
avais été juste avant lui, le quartier général de la saleté se situait
ironiquement aux douches. Les douches c’est une autre petite cabane, avec pour
se mouiller le corps un gros bidon crasseux d’eau de pluie récupérée d’une
gouttière dans lequel se développent des larves de moustiques et toutes autres
petites bêtes qu’on ne veut surtout pas avoir dans les cheveux ou sur le corps
quand on est supposé être en train de se laver. Je ne vous fais pas un dessin
sur l’humeur de Yanis après ça : Mister Chill pas content.
Nourriture : On a fait le tour des disponibilités en
terme de diversité culinaire à partir du deuxième repas et ce qu’on a eu était
pour moitié inmangeable. C’est bon, Yanis déprime.
Bien heureusement, comme on l’entend dire, il faut parfois
toucher le fond pour mieux se relever.
Un matin où Yanis noie son malheur derrière son ordinateur,
il se rend compte qu’il capte un réseau internet mystérieux. Son flaire
infaillible l’emmène jusqu’à l’endroit qui a sauvé son séjour : Chez le
voisin.
Le voisin : Un hôtel de luxe immense (très discutable
aujourd’hui mais sur le moment, pas de doute, on lui aurait attribué 6
étoiles) disposant du wifi, d’eau courante, d’un restaurant, et surtout, de
toilettes en dur avec une chasse d’eau !
Ayant récupéré toute sa bonne humeur, sa couleur et d’un pas
léger car libéré d’un poids certain, il accoure nous annoncer la nouvelle. Nous
réservons le dîner au restaurant pour le soir même ainsi que pour tous ceux à
suivre.
Malgré la découverte de cet Oasis de bien être, l’accueil
global ainsi que les mentalités ont fait passer la problématique du confort en
deuxième ligne. La seule attraction restante étant la carte du restaurant nous
avons décidé que nous avions fait le tour de la question pour ce village, pas
très « Open ».
Le 6 octobre, pour cette occasion exceptionnelle, Yanis se
réveille plein d’énergie à 7h du matin. Il doit faire sa valise car il est
temps de rentrer à Kampala, la famille ayant décidé d’écourter son séjour à
grand regret dans ce petit coin de paradis.
Appartement à Kampala, baignoire, piscine, transats et salle
de sport, la convalescence post-traumatique de Yanis se passe bien.
Solen