mardi 15 septembre 2015

Une Journée à Enampore [par Karine]

Réveil avec les multiples chants d'oiseaux exotiques au lever du soleil. Il a plu une partie de la nuit et l'air est toujours aussi humide. Je soulève délicatement ma moustiquaire et me prépare pour une bonne douche froide qui est devenue très appréciable.
Le petit déjeuner est infâme comme tous les matins mais en compensation on peut s'émerveiller  devant les oiseaux multicolores qui picorent sous le pommier de cayors.


On regarde les hommes passer avec sur l'épaule leur longue pelle, « gadiandou » pour aller cultiver les rizières. Les femmes, la démarche lente et fière avec leur seau sur la tête vont puiser l'eau.
    « Gassoumaï !»
    « Gassoumaï barré ! » (en roulant le r)
Nous sommes tous devenus très au point sur le premier échange des salutations, la suite est beaucoup plus compliquée et nous demandera quelques journées d'entraînement supplémentaires.

C'est la période d'hivernage ici et tous les villageois travaillent aux rizières soit pour labourer leur parcelle, tâche réservée aux hommes, soit pour repiquer le riz, tâche réservée aux femmes. Il fait lourd, le travail est éprouvant et la plupart restent dans les rizières jusqu'en début d'après-midi.
Pendant ce temps, les garçons de tout âge amènent les bêtes aux pâturages. Dès le premier jour, Ilyan les a accompagnés. « On marche une heure pour arriver jusqu'à là-bas ; une fois sur place, les petits surveillent les bêtes pendant que les grands vont cueillir des fruits pour les manger. Parfois, les bêtes s'enfuient et les petits doivent les rattraper sinon les grands les tapent. » Conclusion, Ilyan n'est pas retourné aux pâturages : trop difficile et dangereux quand on est petit !

A n'importe quel moment de la journée, la pluie peut se mettre à tomber à torrent. Alors que nous courons nous protéger au campement, les villageois poursuivent leurs activités avec toujours autant d'ardeur. Les conditions sont différentes mais le travail à faire reste le même. Éventuellement, on sort les parapluies quand on doit parcourir les petits chemins qui rejoignent une case à une autre. Le village s'étend en effet sur des kilomètres et chaque case est perdue dans une vaste forêt d'arbres immenses, avec de grandes clairières occupées par les rizières.

Le temps que tout le monde rentre de son travail, le déjeuner peut être tardif. Il est de façon systématique composé de riz et souvent que de riz. Pour nous les invités, le riz est agrémenté d'une sauce aux oignons et bouillon knor avec un peu de viande. C'est la fin de la période des mangues ; nous avons réussi à en constituer un petit stock pour notre dessert qui sinon serait constitué uniquement de bananes. Riz, banane ; banane, riz... Vous imaginez un peu notre état si il n'y avait pas la mangue.


L'après-midi est calme, beaucoup dorment ou se retrouvent pour partager un petit verre de vin ou deux, ou trois... Le reste de l'année, ils peuvent déguster le fameux vin de palme, principale production locale. En cette période, tout a été consommé et la nouvelle production démarre en novembre, les amateurs se contentent donc d'un vin rouge conditionné en briques que je n'ai pas osé goûter.

En fin de journée, des groupes se constituent dans divers endroits du village : les jeunes catholiques répètent les chants pour la messe, les femmes du quartier ont leur réunion hebdomadaire sous le manguier, l'association des jeunes discute de la rénovation du foyer.
Tout se fait en Diola, nous ne comprenons donc pas grand chose au contenu des réunions mais elles sont nombreuses et animées. Nous y assistons avec plaisir, étant toujours bien accueillis . Il faut signaler un fait important: l'une des trois familles du village s'appelle Badji. Nous sommes donc considérés comme les cousins « alouloum » (blancs) des Diolas et appréciés en tant que tels.



Dès que la nuit tombe, les moustiques attaquent. Nous sortons notre arsenal de vaporisateurs et crèmes protectrices. Nous enfilons nos manches longues et plusieurs épaisseurs de pantalons. Nous dînons aussi vite que possible pour aller nous protéger sous une moustiquaire. Alors que les bruits d'insectes ont remplacé les pépiements des oiseaux, certains vont se coucher pendant que d'autres jouent aux cartes autour de la table, coincés sous la moustiquaire.

« La maman des enfants»




1 commentaire:

  1. « Gassoumaï !»
    Les Bena cousins des Badji cela ne s'invente pas. MDR
    Gros baisers à mon filleul berger d'un jour, nous attendons la suite de vos aventures avec impatience.

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